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Sylvain Grisot à Marseille : quel récit pour que les enfants respirent ?

  • 21/07/2023
  • 3 min
  • Cécile de Comarmond, Consultante éditoriale
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Résumé

👉 La 16ème journée du Club de l’immobilier Marseille Provence recevait l’urbaniste Sylvain Grisot. Retour sur une journée où la question des récits opposables à la crise occupait les esprits. 

Surtout, ne pas tourner en rond. Pour la 16ème journée de l’immobilier organisée par le Club de l’Immobilier Marseille Provence, le 29 juin dernier, l’urbaniste Sylvain Grisot a embarqué l’audience dans un récit : celui de la métamorphose heureuse de nos villes, en passant d’un urbanisme linéaire à un urbanisme circulaire.
Comment fabrique-t-on la ville de demain ?
Comment s’y mettre dès maintenant ?
Reconnaître ses fragilités, identifier ce à quoi on est prêt à renoncer et commencer par le plus dur apparaissent comme des passages obligés.
 

 « On ne parle pas souvent de la manière dont on fabrique nos villes, et c’est bien dommage, car ça détermine l’existence du toit sur nos têtes, la qualité de l’air qu’on respire, ou le droit pour nos enfants de marcher dans la rue en sécurité. La fabrique de la ville dicte à la fois la qualité de notre vie quotidienne et notre capacité à garder une planète habitable », résume Sylvain Grisot. 

Si l’année dernière, la 15e journée de l’immobilier a été l’occasion d’une réflexion globale sur les grands enjeux de Marseille et de la métropole, cette année, on est entré « dans le dur du sujet » : la transformation de la ville, c’est maintenant et tous ensemble. 

Après avoir embarqué tout le monde dans l’élaboration d’une Fresque de la ville, un exercice qui a permis, à la fois, de briser la glace et de s’emparer du sujet sous tous ses aspects tout en plaçant chaque participant face à ses responsabilités selon le poste qu’il occupe, Sylvain Grisot a rappelé un chiffre important : chaque heure qui s’écoule, l’équivalent de 5 stades de football sont artificialisés. 

Avec un storytelling façon TedX – le récit d’une ville profondément transformée, en 2032, à la suite d’un cataclysme, une ville « décarbonée, libérée des voitures, avec des sols régénérés, une ville où l’on joue et où l’on vit » – le fondateur de l’agence dixit.net a livré plusieurs clefs essentielles, selon lui, pour passer d’un urbanisme linéaire à un urbanisme circulaire, car « 80% de la ville de 2050 est déjà là, donc le neuf est un débat à la marge ». 

Premier grand chantier : les sols urbains

Il faut casser le béton et planter des arbres au milieu des voitures afin de créer une canopée en ville et diminuer les îlots de chaleur.  

Deuxième priorité : recenser les friches 

« Il existe 2000 hectares de friches en Ile de France et aucun recensement officiel ! » Il faut à tout prix recenser l’ensemble des friches en France afin de pouvoir ensuite les transformer. 

Troisième point : densifier la ville et le péri-urbain pour ralentir l’artificialisation

Attention, cependant, prévient-il : « La ville dense doit être un sujet de démocratie locale. Pour chaque projet de densification, on doit se demander en quoi il sert le quartier et la ville. » 

Ensuite, il faut penser les constructions sur le temps long : « La vraie question n’est pas tant la décarbonation que la durée de vie des bâtiments », rappelle-t-il.  Ainsi, il faudrait penser les bâtiments « par couches » : dans une enveloppe en béton censée durer 100 ans, penser des bâtiments à réversibilité d’usage dans le temps, leur permettre d’avoir plusieurs vies.  

Aussi, il faut intensifier les usages des bâtiments dans la ville : imaginer des écoles dont les salles peuvent servir de salles de sport ou de réunion en dehors des heures de cours, par exemple, et penser à tous les usages nécessaires qui ne peuvent être régis par la loi du marché, notamment pour les populations les plus vulnérables. 

« Il faut changer de matière grise, en somme : moins de béton et plus de réflexion », résume l’urbaniste. 

En guise de conclusion, il a appelé le Club de l’immobilier Marseille Provence à fonctionner « comme un cercle de parole » dans lequel chacun des membres pourrait, en toute sécurité, déposer ses échecs, partager sa vulnérabilité.  Cela permettrait d’amorcer le vrai débat qui nous intéresse : comment faire du vide pour créer les circonstances du changement ? A quoi renonce-t-on pour s’engager dans la fabrique de la ville de demain, dans le récit aussi nécessaire que joyeux d’une ville où la terre et les enfants respirent ?