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  • Décryptages

Décarboner la ville, une question d’utilité

  • 21/09/2023
  • 3 min
  • Diane Renouard, Directrice conseil
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Résumé

👉 Une ville décarbonée, à quoi ça pourrait ressembler ?  On y trouverait des immeubles en matériaux biosourcés, davantage d’espaces verts, plus de lieux de rencontre et de partage et moins de temples de la consommation. Enfin, le citoyen ne serait plus un simple usager mais aussi co-constructeur.

Comment décarboner la ville ?
Répondre à cette question par le seul prisme matériel serait assez facile. On se contenterait d’utiliser une calculatrice pour ajouter ou déduire les molécules de carbone, selon une liste claire et exhaustive de critères :
matériaux biosourcés, énergies renouvelables, espace vert disponible par m2 de bâti.
Si cette réponse a le mérite d’être simple, elle est aussi très réductrice.
Si on veut imaginer une ville décarbonée et désirable, il convient d’enrichir le débat par d’autres questions et autant de réponses sur les usages, les fonctionnalités, les rapports sociaux, l’évolution des besoins et des mentalités. Voici quelques pistes à explorer.


Des villes denses mais moins intenses

Et si nous acceptions de changer notre façon de vivre la ville, pour en faire une expérience de convivialité plutôt qu’un temple de la surconsommation ? Nous pourrions cesser de centraliser à tout prix et mettre en valeur les villes de taille plus petite, afin d’enlever la pression sur les grandes métropoles. Nous pourrions penser des bâtiments multiusages en milieu urbain, pour limiter l’artificialisation des sols : on utiliserait, par exemple, la salle de sport de l’école comme salle des fêtes ou de yoga pour les habitants du quartier. Réimaginer la ville sur la ville pourrait aussi nous pousser à désacraliser le caractère patrimonial de l’architecture pour transformer les territoires en fonction de leur utilité, de leur adéquation avec les usages présents et futurs et la capacité de ce bâti à servir les habitants. Décarboner l’espace public, c’est augmenter le nombre de parcs, multiplier les lieux d’échanges, favoriser l’aspect récréatif au lieu d’inciter à la consommation..


Inclure les habitants dans les choix d’urbanisme

Pour que cette « ville du quart d’heure », qui prône les mobilités douces, cette « ville bioclimatique », plus verte, donne envie aux hommes de vivre « ensemble », n’est-ce pas aussi un changement de gouvernance qu’il faut opérer en parallèle ? Aujourd’hui, la planification urbaine a été confiée à des sachants. Avant, tout le monde était acteur de son habitat. Grâce au préfet Haussmann, la ville a pu être planifiée. Nous lui devons la sanitarisation de cet espace densifié. Mais au même moment, l’individu s’est vu déresponsabilisé de l’acte de bâtir. Si nous développions l’idée d’une démarche de concertation citoyenne obligatoire à la parcelle, la population se sentirait plus investie, à son échelle, dans les choix d’urbanisme de demain. Il existe pour l’instant des obligations de concertation sur des projets de planification à grande échelle (PLU, plan des risques) et sur des projets urbains (comme les ZAC). Mais quand ça ne leur parle pas concrètement de leur quotidien, les gens ont du mal à se réapproprier l’espace urbain. Nous devons alléger les règles communes et prendre le pli de concerter la population de façon plus systématique, afin de mieux sensibiliser les habitants aux enjeux de demain. Il s’agit aujourd’hui de prendre en compte leurs besoins et désirs dans la planification urbaine.